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Chapitre XXXV – La chute

Ce n’est pas par nous que mon Patapa a appris que Luc avait pris la carte des Autres, c’est par un de ses camarades. Aurore et moi, à la fin de cette matinée, nous l’avons vu rentrer, livide. Il nous a avoué tout de suite ce qui lui avait porté un tel coup, mon père ne sait pas plus dissimuler que mentir. Je murmure, fort inquiète : « Papa… » Aurore n’a qu’un cri : « Mon Jean ! » Elle devine, la bougresse, que cette estocade va provoquer sa chute… Ça y est : il porte la main à sa poitrine et tombe, tombe, il me semble qu’il n’en finit pas de tomber sur le sol de notre cuisine ; cette minute est la plus longue de ma vie, mon Patapa, mon amour, mon père…

*

Heureusement, il se trouve que Voisin était en congé ; ils sont accourus tous les deux, Voisin et Voisine, et nous l’avons porté sur le lit de la chambre. Les femmes veulent appeler un médecin, mon père dit non, non, je vais très bien, je vous assure, c’est juste le choc, écoute, Aurore, tu entends bien mon cœur qui bat on ne peut plus normalement… Comment le cœur de mon père pourrait-il battre normalement au milieu de tout ce souk ? Ce Luc, cette crapule, ce traître, cet assassin, ce parricide, je vais le couper en morceaux, je vais lui arracher les yeux à la petite cuillère, je vais…

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♦ Carzon Joëlle ©

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