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Chapitre XVI – Mon patron

Mon patron a entre quarante-cinq ans et cinquante ans. Il est du style petit nerveux, avec une vilaine peau zébrée de traces bizarroïdes de quelqu’un qui aurait eu dans son enfance des maladies inavouables, et pourtant, ça me scie, il tombe les femmes pire que mon frère ! Il faut dire que Luc intimide, ce qui n’est pas le cas de Bernard Dedic, sympathique comme pas un, surtout pas comme un patron.

Toutes les femmes, sauf moi. Il m’a déjà proposé la chose, plus d’une fois car il n’a pas peur de se répéter et le ridicule ne tue pas, pas lui, d’une manière directe et malgré tout pas désagréable : il sait que nous sommes de la même trempe et que nous n’aimons ni les timides ni les lavettes. J’ai dit non à chaque fois, mes yeux plantés dans ses yeux, à égalité, mais sans sourire et sans politesse, non mais. Il pense certainement : « T’inquiète pas. Je reviendrai. Tu finiras bien par céder. De nous deux, je suis le plus patient, et le courant passe, je sens bien que le courant passe entre nous ! » C’est ça qu’il doit penser, je le plains un peu. Il n’aura RIEN. Tout de même, ça me plaît de plaire. Je crois même que je ne connais rien de meilleur, sauf de faire l’amour avec Luc.

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♦ Carzon Joëlle ©

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