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Chapitre XI – Pierre, l’enfant de Saint-Denis

Depuis quelques jours, je sais que je dois reprendre « Lucile à Paris » et je suis saisie d’angoisse à l’idée de raconter l’histoire (l’enfance surtout) de Pierre. Et pourtant je dois en passer par là. Lucile et Pierre à Paris, c’est d’abord Lucile à Conflans et Pierre à Saint-Denis. Nous étions tous deux nés dans le 75 car, dans les années 50 (et aussi je crois plus tard dans les années 60), Paris et sa proche banlieue étaient regroupés dans le département « Seine ». Paris n’a fait sa figure de reine solitaire que plus tard. Et les habitants du 93 d’aujourd’hui n’étaient pas alors considérés comme des voyous et des exclus. C’est vrai que d’après les récits de Pierre, Saint-Denis était alors pauvre, ouvrier et rempli déjà de gens qui avaient de grosses difficultés. Je suis angoissée à l’idée de raconter l’enfance de quelqu’un marqué dès sa naissance par l’abandon et la pauvreté. Je me dis que Lucile faisait partie des privilégiés alors que Pierre pas du tout. Mais ce n’est pas aussi simple que ça. Nous fûmes tous les deux abandonnés par nos parents, même si les miens hurleraient si je leur disais cela. Et pourtant j’ai bien été séparée de mes parents à ma naissance. Et Pierre…

Pierre était né à Saint-Denis le 17 août 1959 (quatre ans après moi) d’une jeune mère d’origine bretonne (elle était de Lorient) et d’un père peintre en bâtiment. La jeune femme avait déjà un fils, sans doute d’un autre père que celui de Pierre.

Pierre se souvient qu’on les laissait seuls son frère et lui, longtemps, si longtemps, et qu’on ne s’occupait pas d’eux. Encore bébés, les deux garçons essayaient de faire sécher les draps pleins d’urine en les étendant sur les murs.

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♦ Carzon Joëlle ©

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