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Chapitre VI – Le Chagrin et la Pitié (2è partie)
Rue Lécluse, Pierre me fabriqua un bureau avec deux caisses et une planche sur laquelle il peint un joli paysage. Nous étions pauvres, d’une pauvreté chronique que je ne cherchais pas à expliquer (IL Y AVAIT des explications) et que j’acceptais comme si elle était naturelle (enfin, c’est plus compliqué que ça, j’en reparlerai sans doute par la suite pour raconter ma vie avec Pierre). Et je trouvai mon bureau charmant. Au-dessus, j’accrochai un paysage de montagne offert par Cyril. On commençait alors à m’offrir des dessins et des peintures, ce que mes amis ont fait toute ma vie. Pierre, Cyril, et surtout Marc, dessinaient et peignaient. Tous trois allèrent étudier (des cours du soir) à l’Ecole Boulle. Pierre très peu de temps, Cyril je ne me souviens pas, et Marc très sérieusement. Il songeait déjà à quitter ses Réfugiés de Neuilly (à l’époque le HCR recevait principalement les « boat people ») et qui sait ? peut-être même son cher cinéma ? Puis je rencontrai Jean-Baptiste et Pascale (1985) qui venaient des Beaux-Arts. Jean- Baptiste peignait et Pascale était mosaïste. Mais je rencontrai donc JB et Pascale plus tard, après l’histoire de ce bureau.
Pour l’instant, j’étais assise là, la tête dans les nuages comme d’habitude, devant ce bureau boiteux bricolé par Pierre qui n’avait fait aucune étude et venait d’une famille misérable et désunie de Saint-Denis (en 2012, qu’on ne me parle pas des HORRIBLES familles du 93, elles existaient déjà en 1960, date de naissance de Pierre). Quand je relevais la tête, je voyais le paysage de montagne de Cyril qui, de même, n’avait pas étudié et avait souffert dans une famille déchirée. Sonia et moi, même combat ! Nous nous étions choisi des Sans-Familles -Sans-Etudes, nous les ex-étudiantes en langues (Espagnol et Anglais, Université de Paris X-Nanterre).
(Voir la suite )
♦ Carzon Joëlle © ♦
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