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Il mit sa main dans la sienne. Une si grande main. Il l’obligea presque à prendre sa petite main. « Je suis là, je suis quand même là… », n’osait-il pas dire à haute voix. « Je suis ton petit frère et je suis là. Pense que je suis là ! Regarde-moi ! »

Regarde-moi ne serait-ce qu’un instant.

Yannick avait les yeux vagues, les yeux perdus. Marco avait été si reconnaissant que son frère veuille bien de lui pour cette promenade… Une promenade en forêt ! A eux deux ! Rien que pour eux deux !

D’habitude, on se promenait en famille. Papa qui croyait connaître tous les champignons. Maman qui parlait et parlait. Marie qu’on avait toujours peur de perdre. Yannick qui ne disait rien, mais souriait quelquefois. Il y avait de l’indulgence dans son sourire, un peu de lassitude.
Ces promenades en forêt, en famille, n’étaient pas désagréables, mais Marco aurait voulu… que papa se vante moins, que maman se taise cinq minutes, que Marie arrête de faire des bonds à droite et à gauche … Et il aurait tant voulu, oui ! que Yannick soit à lui tout seul. Yannick le jeune homme, l’étudiant de la ville lointaine, Yannick « mon grand frère ».

Marco aurait voulu lui raconter l’école, sa maîtresse sévère mais qu’on aimait quand même, ses jeux avec Marie, et ses jeux sans Marie. Lui dire qu’une sœur c’est bien, mais qu’un peu trop de présence féminine ça étouffe un peu, on a besoin, oui, de quelqu’un d’un peu moins bavard, de plus grand. Une présence peut-être plus discrète (à la voix), mais la présence… d’un homme.

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♦ Carzon Joëlle ©

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