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Partie 1

Les bruits courent, s’étouffent et ressurgissent à chaque claquement de portes. Cachée derrière son bureau permettant de mettre une distance toute relative entre les patients et le personnel hospitalier, l’infirmière ou secrétaire… (Qu’en avais-je à faire ?) faisait fît de mon impatience et de mon incompréhension. Où étaient-elles ? Que faire ? Comment gérer ça de mon côté pour être le plus précis et rassurant au moment opportun ?
Elle avait la quarantaine, mais malgré tout elle était très séduisante. A cet instant j’ai eu presque honte d’avoir vu en elle un fantasme si commun et surtout carrément mal placé. Il fallait être fort pour elles…
« Si vous voulez bien me suivre Monsieur ». Me fit revenir à la réalité une jeune infirmière, femme aussi très séduisante (décidément !). Ces mots me remirent les idées en place. Je sais comment cela se passe, je suis rôdé.. de l’expérience, oui Madame !
Les couloirs de l’Hôpital apparaissaient comme de plus en plus étouffants. Chaque pas derrière cette douce créature devenait de plus en plus angoissant.
« La Sage-femme m’a dit que c’était votre troisième enfant ? vous en avez du courage…. » s’exclama la belle sur un ton méprisant… sur quoi je ne pu m’empêcher de lui envoyer dans la figure « moi je rêve d’avoir au moins 6 enfants…et quand on aime on ne compte pas !!!! ». Tiens prend ça la jeune !!!
« vous vous changerez ici puis vous mettrez vos affaires personnelles dans ce casier et vous irez directement le long du couloir là-bas pour patienter le temps qu’on installe votre femme…Monsieur avez-vous bien entendu ? quelque chose ne va pas ? »
…Si elle savait cette conne, à quel point je suis angoissé. Je n’ai pas envie de parler. Pourquoi faut-il toujours que l’on vienne me parler dès que j’ai quelque chose qui me stress, ne peut-on pas me laisser gérer ça, tout seul … « heu… oui au fond du couloir , merci madame. » repris-je rapidement pour écourter ce moment….
Une fois installé sur cette chaise beaucoup trop petite et vraiment mal foutu derrière la porte , les minutes sont devenues plus longues que jamais. Plus longues encore que lors des moments qui précédaient mon mariage. A chaque allée et venue dans ce couloir des internes. Je me tenais prêt bondir en attendant le feu vert pour aller rejoindre Delphine. C’est dingue comme parfois lorsqu’on se retrouve seul, dans un lieu où l’angoisse et la détresse sont de partout, il existe un instinct qui nous permet de ne pas craquer…
Et puis on se lâche, on attend un regard, une aide, un conseil.. La porte s’ouvrit et j’aperçus un homme qui devait avoir la soixantaine. Il se dirigeait à la rencontre d’un jeune homme qui poussait un berceau. Il était visiblement très ému car il m’a semblé voir les larmes qui lui coulaient le long de ces joues déjà bien usées. Fier de son fils. Ce dernier lui présentait sa progéniture… Quel moment..quels cons.
« …Pourquoi aurait-il le droit de les voir, pourquoi entrerait-il de nouveau dans ma vie ? Qui est-il …juste l’autre que j’appelais il y a très longtemps …papa ».

Soudain apparaît devant moi une infirmière vêtue de son uniforme pour les opérations, elle avait l’air vraiment pressé. « Monsieur, il y a eu quelques complications avec votre femme, elle a eu un léger malaise, mais ne vous inquiétez pas elle va bien. Suivez-moi nous allons commencer. Tout le monde est prêt pour l’intervention… ce n’est pas la première césarienne à laquelle vous assistez je crois … donc vous savez comment cela se passe ? ».

Les paroles vides et lisses de cette femme rebondissent sur ma peau comme si d’un seul coup je n’étais plus en phase avec ce moment qui devrait m’inquiéter ou me ravir. Me perdant un instant dans mes pensées, je me surprend à me poser des questions qui n’ont pas lieu ici et maintenant.

« …Et si c’était le moment de lui prouver que je suis différent de lui ? Et si je me conduisais enfin comme le père que j’aurai du être dès mon premier enfant ? Ce père qui m’a donné la vie a forcément eu les mêmes angoisses lors de ma naissance, il a sûrement fait preuve d’amour les premières années. Ma mère m’a toujours dit qu’il nous aimaient moi et ma sœur et qu’il s’occupait tout le temps de nous quand nous étions bébés….. les temps ont bien changé ».

Et pourtant pourquoi ne pas comprendre comment j’en suis arrivé là, comment j’ai pu l’effacer de ma vie aussi facilement et surtout pourquoi à ce moment précis, l’un des plus important de ma vie, il s’impose à moi comme une évidence. Mon père devient une évidence.

Rembobiner ma vie pour la caler sur le commencement en voilà une idée ! Adieu smartphone, internet, l’information instantanée, les pics de pollutions, l’Euro, la technologie à outrance, la dématérialisation des relations humaines. Exit la bienséance, le politiquement correct et les interdictions en tout genre. Alors branchons le magnétophone et bienvenu dans les années 80 !

Ah les années 80… si vous êtes comme moi, 40 ans en 2013 alors vous trouverez des points de références, des situations que chacun à vécu, des lieux communs…. Nous pourrions parler de ces années pendant tout un ouvrage avec toutes les références sociologiques et événements qui ont conditionné notre société actuelle, mais je suis loin de toute ces considérations. Balayer 35 ans c’est illusoire, mais d’en sortir l’essence même ce cette période, voilà un challenge !

De mon souvenir, je n’ai que quelques brides dispersées, ici et là à travers mes yeux d’enfants. Toute vérité devient ma vérité. chaque enfant se créé son univers, à travers ses passions, ses jeux, sa famille, ses amis, son école, son club de sport.
Alors il est temps pour moi de revenir sur ces périodes et tranches d’une vie à l’aube d’accueillir mon enfant.


(Voir la suite Suite)

♦ hudson ♦

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