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Des gens étaient réunis autour d’une table, des gens assez différents les uns des autres semblait-il au premier abord. Ils étaient de tous âges, de toutes professions, de toutes physionomies… Enfin, à ce qui semblait. Car ils étaient, tous, tout de même, célèbres depuis au moins deux semaines. Quand cela avait été son tour, elle était entrée sous les feux du studio, sautillante comme un cabri. Elle pensait qu’elle s’en était plutôt bien tirée (“tirée”, ah ! oui, voilà un mot qu’il fallait surtout ne pas prononcer, attention…). La trentaine, pas trop vilaine, elle pouvait à la rigueur faire illusion. Elle s’afficha un sourire de circonstance, un sourire de mariage, elle qui n’allait qu’aux mariages des autres, et encore quand elle pouvait y échapper…
“Maria Lunelle, vous venez de publier votre tout premier roman qui fait un tabac. C’est un succès inattendu, votre éditeur se frotte les mains…”
Un succès inattendu, mon œil. Aidé très largement des conseils véreux de François Sommet, Maria s’était efforcée d’oublier les sujets qui lui tenaient à cœur, son style, son amour des beaux personnages généreux. En fait, c’était une sorte de roman de commande, car Sommet avait repéré sa souplesse. Elle se soumettait sans problème, c’était une “adaptable”. Du roman social qu’elle aurait rêvé d’écrire, il ne restait qu’un salmigondis de style pseudo-moderne, de personnages hautains et parvenus, et de scènes bruyantes dans des nightclubs dont elle n’avait jamais vu la couleur où naviguaient des beurs et des africains qui n’existaient que dans la tête de François Sommet et de ses amis.

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♦ Carzon Joëlle ©

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