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Chapitre XXX – Le kiosque

Il pleut. Il pleut sur le kiosque de Voisin comme il pleut sur mon âme. Cher kiosquier de mon cœur… Voisin arbore une casquette bleu marine qui lui va bien et qui le cache quand un client achète certains hebdomadaires. Je suis arrivée en courant et en lui criant : « Je viens te tenir compagnie ! »

Je me glisse auprès de Voisin et assiste au défilé des voyageurs de la gare d’Y. J’essaie de repérer, à leur physionomie, à leur démarche, à leurs vêtements, celui ou celle qui va acheter ci ou ça. Parfois, il y a des surprises, parfois non. Je dis salut à de vieilles connaissances qui me lancent : « Alors, Iris, tu abandonnes tes coursiers ? Monsieur Varèze t’a embauchée ? »

Tu parles ! Je m’imagine vendant chaque jour à tous ces esclaves du rail ces tonnes de papiers mensonges… Je ne pourrais certainement pas m’empêcher de faire mes commentaires, de rajouter mon grain de sel, et je serais virée. Voisin, c’est son gagne-pain, il n’a plus le choix entre la petite maison louée et sa belle cousine qui ne travaille pas la moitié du temps. Je lui trouve du courage et de l’allure sous sa superbe casquette d’aventurier. La couleur un peu rousse de ses cheveux semble se refléter sur ses joues où j’ai presque envie de déposer un baiser. Il croise mon regard, me voit loucher sur sa peau et me jette des œillades entendues et amusées.

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♦ Carzon Joëlle ©

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