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Chapitre XXV – Moi et Guillaume Esmond

Le chat court vers moi, les oreilles rabattues, l’œil effaré. Certainement quelqu’un l’a effrayé, exprès, un de ces connards qui ne trouvent rien de mieux, pour tromper leur ennui, que d’inquiéter les animaux. Des lâches. Ce sont aussi ceux-là qui maltraitent les enfants et guettent les filles seules. Pile ! Un garçon surgit des rues quelques secondes après le chat. Je ne le reconnais pas tout de suite, mais quand c’est fait, mon antipathie est immédiate, irrémédiable : Guillaume Esmond…

– Salut, Iris !
– Salut.
– Ton frère est là ?
– C’est notre chat que tu embêtais.
– Quoi ? Quel chat ?…
– Le chat après lequel tu as couru, c’était mon chat.
– Ah, bon ?… Il est bien laid, ce chat.
– C’est le plus beau chat du quartier.
– Ah ?… Je cherche Luc.

Les pouces coincés dans la ceinture de ses jeans, il attend. Il attend quoi, ce minus ? Que je lui ouvre la porte de notre maison peut-être ? Que je lui présente papa-maman, l’oncle et moi ? Que j’oublie de suite l’incident du chat ? Que je baisse mon froc et que je lui lèche la bobine ?… Je crèverais plutôt que de lui ouvrir notre porte. Je fais barrage, tu n’iras pas plus loin, mec, à cette frontière s’arrêtent les aventuriers de tout poil, les paumés, les minables, les étrangers. Tu n’es rien pour moi et je ne comprends pas que tu sois le quart de quelque chose pour Luc. Eh oui, je crois encore, malgré de graves désillusions, que mon frère vaut mieux que ces Esmond. Je suis raide et inébranlable comme un mur…
– Il n’est pas ici ? insiste-t-il.
– Il le serait qu’il ne le serait pas.

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♦ Carzon Joëlle ©

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