Elle était si belle et je l’aimais tant …

Nous nous étions rencontrés un beau matin de Juin, en pleine campagne. Elle montait une magnifique jument blanche. Je me suis approchée d’elle, doucement, pour ne pas l’effrayer. Et nous nous sommes regardés. J’ai tout de suite été subjugué par sa beauté, ses longs cheveux blonds qui flottaient sur ses épaules, ses yeux bleus, sa taille fine, ses bottes d’équitation qui mettaient en valeur ses cuisses longues et fuselées.

Elle m’a souri et m’a dit : approche, avec un geste amical de la main. J’étais très intimidé. Mais j’ai osé venir auprès d’elle. Alors elle a ri de ma timidité, et m’a dit : viens, suis-moi. Et elle a éperonné sa jument et est partie dans la campagne, moi essayant de suivre tant bien que mal l’animal…

Elle est entrée dans la cour d’un château, est descendue de cheval, et a confié sa monture à un valet d’écurie qui l’attendait. Elle n’eut pas un regard pour lui, et j’en fus étonné, car avec moi elle se montrait très gentille. Viens me dit-elle, tu dois être fatigué de ta course. Elle m’amena aux cuisines, et me confia à la cuisinière : donne-lui à manger et à boire, et trouve-lui un coin pour dormir, car désormais il m’accompagnera dans toutes mes sorties.

Je n’osais croire à mon bonheur… Vivre auprès d’elle, moi dont tout-le-monde se moquait, car j’étais né dans une pauvre famille du village, et de mes frères et sœurs, chacun s’accordait à dire que j’étais bien le plus laid…

Et à compter de cet instant, lors de sa sortie quotidienne, j’étais auprès d’elle, veillant à ce que personne ne l’importune, jouant avec elle dès qu’elle en exprimait le désir, me roulant dans l’herbe des prairies avec elle, et me mettant contre elle lorsqu’elle voulait se reposer de la fatigue de nos jeux. Elle posait sa main sur ma tête, et je n’osais plus bouger, de peur de la réveiller lorsque le sommeil l’emportait.

Et un soir d’été, elle fit préparer sa monture, et alors que j’allais la suivre comme je le faisais habituellement, elle me dit : non, toi tu restes là. Je ne veux pas que tu m’accompagnes. Je ne serai pas longue… Et elle piqua sa monture et partit au galop. Ma déception fut grande, car jamais elle ne refusait ma compagnie.

Alors mon attente commença. Je m’endormis un instant, et je m’éveillai brusquement, me rendant compte que le nuit était déjà tombée, et qu’elle n’était pas revenue. Mon cœur se mit à battre la chamade, et l’angoisse m’envahit. Je sortis de la maison, et décidai de partir à sa recherche. J’allai dans tous les endroits où elle aimait à se promener. Je ne la vis nulle part. La pleine lune m’aidait dans mes recherches, mais elle jetait un halo blanc sur la campagne, qui en devenait sinistre.

Alors je partis vers les ruines d’un vieux cloître où nous nous reposions toujours, lorsque nous cherchions un peu d’ombre, en ces chaudes journées d’été.

Et je la vis, étendue entre les pierres tombées, ses cheveux étalés autour de sa tête comme une auréole, pâle sous la lune, le front rouge du sang qui coulait encore de sa blessure.

Alors mon cœur explosa dans ma poitrine, des pleurs me montèrent aux yeux, et tout chien que j’étais, je levai la tête vers le ciel, et hurlai à la mort mon désespoir d’avoir perdu ma Princesse.

On retrouva le palefrenier peu après… pendu à un arbre, après avoir pris conscience de son crime….

♦ Gisèle VENEROSY ♦

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