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PREMIERE LETTRE

“Cher Louis…”

Aimée suça son pouce.

“… Que d’heures passées à contempler le pot de géranium de ma fenêtre !
Qu’il est rouge ! Que d’heures passées à regarder le chat bouffer sa pâté ! (Et moi, je n’ai pas faim.) Que d’heures, de longues heures, à regarder Paris, à regarder l’ennui !
(Mon ennui.) Combien de minutes, d’heures, de jours, à me dire que je n’ai pas aimé ? ( T’ai-je aimé, Louis ?)…

Aimée suça une mèche de ses cheveux.
“Le géranium peut crever. Le chat…? J’ai laissé un billet doux à ma vieille voisine, une carabosse qui me déteste et qui n’aime que la gent féline… Je soupire en pensant à ces carrés de chocolat qui resteront sur la table, au robinet de la cuisine qui fuit. Fuis, fuis, cher robinet, il vaut mieux cette fuite-là.
“Tu m’as souvent traitée d’égoïste. Effectivement, je crois que je ne t’ai guère aimé. On peut aimer un visage avec un grand front, mais peut-on aimer un tas de muscles ? Je te quitte donc maintenant, cher Tarzan. Très tendrement. Ton Aimée.”

DEUXIEME LETTRE

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♦ Carzon Joëlle ©

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