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Fuyant les exactions, la terreur, les combats
Ils se sont résignés à être ‘réfugiés’
Brisés, agonisants, au milieu des gravats
Ils ont maudit les dieux qui les ont oubliés

Après ces carnages, ils ont franchi le seuil
Le comble de l’horreur où règne la folie
Après ces effusions de tristesse, de deuil
Ils ont choisi l’exil, pour vivre une autre vie

Nous voici sur la route au sommet de l’errance
Où le triste matin nous pousse à vaciller
Où l’espoir tait un peu le bruit de nos souffrances
Calme nos appétits de bonheur apaisé

On s’entasse, on résiste, on tente le passage
Sur des embarcations aux allures d’épave
Choisissant l’exode, car les luttes font rage
On s’abandonne aux flots pour briser nos entraves

Beaucoup trop d’entre nous périssent sous l’orage
Victimes de passeurs aux violences austères
Ces êtres sans scrupules, sans pitié, sauvages
Chargés de recruter des âmes pour l’enfer

Encore résister devant cette misère
Rechercher en soi la force de l’ignorance
Ne pas baisser les bras, maitriser sa colère
Ne plus douter de soi, sublimer la confiance

Car ceux d’entre nous qui rejoignent le rivage
Où le seul bénéfice est d’encore exister
Pour une vie meilleure, ont atteint le mirage
Et retrouvent le gout de voir le temps passer

Désormais, il nous faut joindre un pays d’accueil
Qui veuille nous aider, sans haine, sans dédain
Qui nous offre l’asile, et qu’ensemble l’on cueille
La fleur d’humanité, juste en tendant la main

Désormais rechercher ce que l’on rêve encore
De nouveau espérer et de nouveau aimer
Voir quelques fois des yeux allumer nos décors
Dans un monde où le mal ne doit plus exister

Et dans cet univers où nous serons uniques
Nous trouverons la force de vaincre la mort
Lors la paix n’aura plus le gout de l’utopique
Et nous pourrons enfin diriger notre sort

… Malgré tout, nous pleurons nos frères enchainés
Ceux qui n’ont pu quitter nos terres incendiées
Ceux qui n’ont pas eu la force de s’exiler
Ceux qui n’ont eu que le trépas pour s’évader

Ceux qui subissent la violence des bourreaux
Ou la pluie d’obus, dans nos villes dévastées
Ceux qui n’ont pas accès à ce monde nouveau
Méritent nos prières, nos pleurs, nos pensées

Nous somme tous, potentiellement, des « migrants »… des réfugiés…
Nous sommes tous des êtres humains…

♦ JC Fartoukh ©

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4 commentaires pour Exode

  • avatar
    fleur de pavot le 

    Quelle lucidité,je partage votre regard sur l’exode forcé et non choisi de ces femmes et hommes fuyant leur pays, famille et amis car ils ne peuvent plus vivre au pays de l’horreur.Soyons accueillants, ouvrons notre coeur à ces êtres déchirés.

    • avatar
      jcf le 

      Merci pour votre appréciation…
      On comprend bien que tous ces gens ne fuient pas leur pays par plaisir, mais bien par réelle nécessité…
      Note pays, et toute l’Europe d’ailleurs, se doit de les accueillir dignement… comme on voudrait être accueilli si par malheur ce devait être notre tour de migrer… comme ce le fut dans un noir passé…

  • avatar
    carzon le 

    Très beau poème, porteur d’un beau message. Le « nous » est juste. Amitiés.

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