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Chapitre XXXIV – Toi

Nous étions un, j’étais toi, qui étais moi. Un indivisible. On se serrait les coudes. A l’école communale, où tu étais un peu freluquet, je t’ai protégé bec et ongles, au collège ce fut ton tour. Iris, ma chérie, il va falloir faire la division par deux. Voilà : je suis un plus un autre envolé, non… Je suis, c’est tout. Je suis une, je suis moi, et toi, tu es ailleurs, parti, engouffré. Iris, ne pleure pas. Iris, être une, être toute seule, ne t’empêche pas de continuer à aimer.

*

Tu étais ma chambre, tu étais ma maison, mon quartier et le ciel au-dessus de la rue Pierre-Brossolette. Tu étais ma famille, mon corps, mon cœur, ma tête et toutes les pensées, timides et hardies, claires et parfois bourbeuses, dedans ma tête. Tu étais mon plafond et mes planètes. Tu étais mes bras et mon sommeil. Tu étais ma grotte et mon soleil. Tu étais.

*

Ce qui existait entre nous, c’était un secret. Un secret partagé par Voisin-Voisine et nous deux. C’est une chose dont, paraît-il, on doit avoir honte. Mais je nous aimais tellement que je n’ai jamais pu avoir honte. Même maintenant, avec le recul, je n’ai pas honte.

*

Tu nous as coupés en deux. Tu as coupé la vie. C’est comme si, avec une hache de géant, tu avais coupé notre maison en deux. Il y a encore du sang qui coule sur le trottoir de la rue Pierre-Brossolette.

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♦ Carzon Joëlle ©

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